THÈMES :
- La peur : thème principal : tous les hommes savent qu'ils doivent mourir et ils ont peur, mais ils ne connaissent pas le jour de leur mort, alors que le condamné à mort sait tout : le jour, l'heure de la mort. L'espoir d'une révision de la peine apparaît nettement comme une illusion tout au long de la narration.
Si l'être humain a peur de la mort, il peut tout de même vivre sans trop y penser. Au contraire l'existence du condamné à mort est caractérisée presque exclusivement par cette idée, cette obsession qui devient angoissante.
- La haine pour la foule et la haine pour le condamné : Le condamné déteste la foule et il craint ce que la foule peut penser de lui. Pour le condamné ne doit pas craindre seulement la mort, mais aussi la foule qui attend avec fièvre et joie de voir mourir un condamné a mort. La foule aussi hait le condamné pour ce qu'il a fait, mais il y a dans la foule beaucoup de gens qui ne connaissent pas le condamné, mais qui pour être comme les autres, comme la société, détestent le condamné et veulent le voir tué.
- La religion : Pour le condamné il est très important de pouvoir "parler" avec Dieu avant de mourir. Le condamné, comme tous les autres hommes, possède une âme( cf. grande importance attribuée à la religion chrétienne dans toute l'oeuvre de V. Hugo). Il recherche un dialogue avec le prêtre pour pouvoir mieux affronter la mort, avec plus de courage. Mais le prêtre se montre très détaché. Quand il va mourir il embrasse le crucifix que le prêtre lui tend.
- Violence contre les prisonniers : 1) Violence de la vie de la prison, surtout pour le condamné à mort qui est souvent isolé des autres prisonniers, même si on l'autorise à aller à la promenade avec les autres une fois par semaine et si on lui fournit de quoi écrire ses mémoires ; 2) Violence faite aux forçats qui doivent aller au bagne de Toulon : épisode du ferrage des forçats que le protagoniste peut observer d'une cellule, mais qui se termine par l'évanouissement du protagoniste : le spectateur de la scène devient la victime de la violence verbale des forçats qui ont noté sa présence.
- Injustice de la justice : violence faite au prisonnier et à sa famille : sa mère qui a 64 ans mourra, sa femme mourra ou deviendra folle et sa fille l'oubliera (vivra sans parents) ou aura honte de lui.
OBJECTIF : Celivre est défini par le protagoniste comme le "journal de mes souffrances heure par heure, minute par minute, supplice par supplice" ou comme une "espèce d'autopsie intellectuelle d'un condamné àmort" ou encore comme des "mémoires, dernières confidences d'un misérable" (chap. VI).
Par le biais de son protagoniste, qui devient en quelque sorte le porte-parole des idées de l'auteur, V. Hugo a voulu inviter les juges à ne pas condamner à mort à la légère et surtout il a voulu contribuer à la future abolition de la peine capitale : "Le Dernier Jour d'un Condamné n'est autre chose qu'un plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort. Ce qu'il(l'auteur) a eu dessein de faire ce n'est pas la défense spéciale de tel ou tel criminel choisi, c'est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir. Ce livre est adressé à quiconque juge. plaider la cause d'un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque pour un crime quelconque. Un jour... le lendemain de l'éxécution de d'Ulbach, il se mit à écrire ce livre.... il n'a plus senti sur son front cette goutte de sang qui rejaillit de la Grève sur la tête de tous les membres de la communauté sociale. Toutefois, se laver les mains est bien, empêcher le sang de couler serait mieux. Aussi ne connaîtrait-il pas de but plus élévé que celui-là : contribuer à l'abolition de la peine de mort." En s'adressant aux hommes de lois : "Pas de bourreau si le geôlier suffit.... Se venger est de l'individu, punir est de Dieu. La société doit corriger pour améliorer" . Contre la théorie de l'exemple : "Loin d'édifier le peuple, il (le spectacle des supplices) le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, toute vertu". Enfin il pense à l'âme du condamné (Préface de 1932, où Hugo cite l'oeuvre de Beccaria , Traité des Délits et des Peines ,1766, qui s'est lui-même inspiré de l'oeuvre de Montesquieu, De l'Esprit des Lois).