La coordination
Lorsque des propositions sont sur le même plan, et qu'il n'existe entre elles aucune hiérarchie, on peut utiliser les conjonctions de coordination, de préférence après une virgule:
• mais (contradiction)
• ou (alternative)
• et /ni (addition)
• donc (conséquence)
• or (contraste)
• car (cause)
Ainsi, à partir de
(1) «Le président a prononcé un bon discours.»
et
(2) «Le président n'a pas convaincu les députés.»
on peut faire la phrase suivante:
«Le président a prononcé un bon discours, mais il n'a pas convaincu les députés.»
Il est possible d'utiliser une conjonction de coordination même si le sujet change, mais il faut bien faire attention à ce que les propositions soient équivalentes. Ainsi,
«Le président a prononcé un bon discours,
mais les députés n'ont pas eu l'air convaincu.»
est tout à fait licite, alors que
?? «Le président a prononcé un bon discours, mais les membres de son propre parti avaient exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner.»
n'est pas satisfaisante, car non seulement le sujet et le temps, mais la relation de contradiction ont changé par rapport au premier exemple. Le doute des membres du parti n'a pas d'incidence sur la qualité du discours: il constitue un élément d'information qui permet de comprendre que, selon l'énonciateur, la qualité du discours donne tort à des jugements négatifs portés sur le président, mais sans rapport direct avec la prononciation du discours. Dans les phrases précédentes, en revanche, il était question de l'effet immédiat produit par le discours sur l'auditoire.
La subordination
Lorsque les propositions ne sont pas parallèles ou équivalentes, il faut recourir à la subordination, c'est-à-dire les organiser hiérarchiquement à partir de l'idée centrale de la phrase que représente la proposition principale:
Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner
Les conjonctions de subordination
Pour construire cette phrase, on a utilisé une conjonction de subordination, «bien que», et il a fallu modifier le mode du verbe de la subordonnée (eussent exprimé , imparfait du subjonctif, à la place du plus-que-parfait de l'indicatif).
Ici, la prononciation du discours par le président constitue «l'idée principale», le point de focalisation de cette phrase, mais principale et subordonnée peuvent parfois facilement s'intervertir; il n'y a ainsi pas grande différence entre «Bien que le président ait prononcé un bon discours, les députés n'ont pas été convaincus.» et «Bien que les députés n'aient pas été convaincus, le président a prononcé un bon discours.»
Par contre, dans une phrase comme
«Bien qu'il fasse mauvais, je vais faire une promenade.»
le point de focalisation ne peut pas être simplement renversé
?? «Bien que j'aille faire une promenade, il fait mauvais.»
En effet, il existe une contrainte de subordination entre ces deux propositions parce que le temps qu'il fait peut être un facteur dans ma décision de sortir en promenade, alors que ma décision de sortir en promenade n'a évidemment aucune incidence sur le temps qu'il fait.
De même, on ne peut pas intervertir la focalisation de la phrase «Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner », car la contradiction exprimée dans la subordonnée se double d'une antériorité: l'expression des doutes précède le discours.
Quelques conjonctions de subordination:
Cause: comme, parce que, puisque, étant donné que, vu que, sous prétexte que (indicatif)
But: afin que, de façon à ce que, de manière que, pour que (subjonctif)
But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte que (subjonctif)
Comparaison: comme, de même que, ainsi que, plus/moins que (indicatif)
Concession: quoique, quoi que, bien que, malgré que (subjonctif)
Restriction: même si (indicatif ), encore que, en admettant que (subjonctif)
Restriction alternative: tandis que, alors que (indicatif)
Condition: si, même si (indicatif), au cas où (conditionnel), à condition que, pourvu que, à supposer que (subjonctif)
Condition négative: à moins que (subjonctif), sauf si, faute de quoi (indicatif)
Simultanéité: au moment ou, en même temps que, pendant que, tandis que, alors que, lorsque, quand (indicatif)
Antériorité: avant que, jusqu'à ce que, en attendant que (subjonctif)
Postériorité: après que, dès que, aussitôt que, une fois que (indicatif)
Proportion: à mesure que, chaque fois que, toute les fois que (indicatif)
Conséquence: a tel point que, si bien que, au point que, de sorte que, de façon que, si/tellement/tant... que (indicatif)
Toutes les conjonctions de subordination qui admettent l'indicatif admettent également le conditionnel, sauf «(même) si»
Les prépositions et locutions prépositives
Lorsqu' on lie deux propositions qui ont le même sujet et dont les verbes sont au même temps, il est préférable de remplacer la conjonction de subordination par une préposition ou une locution prépositive lorsque cela est possible; le verbe de la subordonné se met alors à l'infinitif et son sujet y est omis:
J'arrive au bureau très tôt afin que mon patron puisse admirer ma ponctualité.
conjonction de subordination + subjonctif
mais
Je me lève très tôt afin de pouvoir arriver au bureau à l'heure.
préposition + infinitif
Quelques prépositions et locutions prépositives suivies de l'infinitif:
Cause: pour (avec l'infinitif passé)
But: afin de, de façon à, de manière à, pour, dans le but de, de sorte à, sous prétexte de
But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte de
Exclusion: sans
Contraste: loin de
Conséquence négative: à défaut de, faute de
Substitution: au lieu de, plutôt que de
Condition: à condition de
Condition négative: à moins de, sauf à
[b]Antériorité: avant de, en attendant de
Postériorité:[/b] après (avec l'infinitif passé)
Conséquence: a force de, au point de, jusqu'à
Alternative: Quant à
Il est important de noter que l'emploi des conjonctions et des prépositions n'est pas toujours parallèle, même s'il suffit parfois de passer du «que» au «de» et de mettre le verbe à l'infinitif. D'autre part, le sens peut changer d'un emploi à l'autre: par exemple, jusqu'à ce que a une valeur temporelle neutre, alors que jusqu'à + infinitif indique le résultat (généralement négatif) d'un processus: «Il a travaillé jusqu'à ce que la bibliothèque ferme», mais «Il a travaillé jusqu'à ne plus pouvoir garder les yeux ouverts».
Les adverbes et locutions adverbiales
Après une ponctuation forte (; : ---), dans une phrase longue et/ou comportant déja plusieurs propositions, on indique le rapport entre deux propositions à l'aide d'adverbes et de locutions adverbiales placés immédiatement après la marque de ponctuation, et suivis d'une virgule:
«Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire du franc fort, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours plein d'enthousiasme; cependant, les députés n'ont pas eu l'air très impressionné.»
Certains (signalés par * ci-dessous) peuvent ne pas figurer immédiatement après la marque de ponctuation et se placer après le verbe ou l'auxilliaire:
«Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire du franc fort, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours plein d'enthousiasme; les députés n'ont cependant pas eu l'air très impressionné.»
Quelques adverbes et locutions adverbiales:
Comparaison: de même, de la même manière, d'une façon semblable
Concession: toutefois*, néanmoins*, cependant*, pourtant*
Restriction: certes*, bien sûr*, malgré tout*, en tous cas*
Alternative: d'autre part*, d'un autre côté, d'ailleurs*
Condition: dans ce cas*, dans ces conditions
Simultanéité: dans un même temps, pendant ce temps, dans l'intervalle
Antériorité: auparavant, jusque là, jadis*, naguère*, il y a peu/longtemps,(jusqu'à) récemment*
Postériorité: alors*, ensuite*, enfin*, par la suite, désormais*
Addition: d'ailleurs*, de plus, en outre*, qui plus est
Conséquence: dès lors*, par conséquent*, ainsi*, d'où (+ nom), de ce fait
Explication: en d'autres termes, autrement dit
Cause: de fait, en effet
notes
Note 1: «Aussi» exprimant l'addition ne peut pas s'utiliser en début de phrase. Dans cette position, et suivi de l'inversion verbe-sujet, il exprime la conséquence:
«En dépit de ses efforts, le président n'a pas réussi à convaincre les députés; aussi doit-il maintenant changer de tactique.»
Note 2: Les adverbes ne peuvent pas tous se placer ainsi en début de phrase (c'est le cas de «notamment», «particulièrement», «tristement», etc), mais peuvent être remplacés par des locutions («En particulier», «Il est triste de constater que...»).
Note 3: Il faut faire attention de ne pas utiliser les adverbes et locutions adverbiales après une virgule, comme s'ils étaient des conjonctions
Note 4: Il faut faire attention de ne pas couper artificiellement une phrase très courte avec une ponctuation forte. Ainsi,
?? «J'étais très malade hier; par conséquent, mon patron m'a dit de rester chez moi.»
est une phrase grammaticalement correcte mais stylistiquement mauvaise, à laquelle on préférera:
«J'étais très malade hier, si bien que mon patron m'a dit de rester chez moi.»
ou, mieux encore:
«J'étais si malade hier que mon patron m'a dit de rester chez moi.» Les pronoms relatifs
Les pronoms relatifs permettent de créer des propositions subordonnées relatives où ils prennent la fonction qu'aurait leur référent: qui (sujet ou objet non-humain introduit par une préposition); que (objet direct); dont (objet ou compément introduit par «de»); où (complément de lieu ou de temps); quoi (objet non-humain introduit par une préposition), souvent remplacé par préposition + lequel / laquelle.
Le député qui a pris la parole s'appelle Dubois.
Je n'ai rien compris au discours que j'ai entendu hier.
J'ignore les problèmes dont vous me parlez.
C'est le village où j'ai passé ma jeunesse.
J'ignore ce à quoi il faut s'attendre.
Je te donnerai le code sans lequel il est impossible d'entrer.
Le gérondif
Le gérondif est constitué par l'association de la préposition «en» et d'un verbe au participe présent. C'est une forme très utile pour exprimer:
1. la simultanéité entre deux actions. Il peut donc remplacer une coordination avec «et», ou une subordination avec «en même temps que», «alors que»:
Elle siffle et elle travaille --> Elle siffle en même temps qu'elle travaille --> Elle siffle en travaillant.
Il est arrivé et il souriait --> Il est arrivé en souriant.
2. la manière
Il parle en baissant les yeux.
Nous dansions en faisant attention de ne pas marcher sur les pieds de l'autre.
3. le moyen
En votant la loi contre l'immigration, le député a révélé ses véritables sentiments.
Le président veut arrêter la montée du chômage en favorisant l'emploi des jeunes.
4. le rapport de cause à effet
En publiant un livre qui violait le secret médical, le Dr. Gubler s'est attiré de violentes critiques.
En voulant ignorer le problème, vous ne faites que l'aggraver.
Le participe est l'un des six modes de la conjugaison verbale. Le participe présent se forme en ajoutant «-ant» au radical du verbe («-issant» pour les verbes du 3eme groupe comme «finir»).
La forme du gérondif est invariable; seule la préposition «en» peut être utilisée. Les autres prépositions (sans, avec, par... exigent l'infititif.
Le sujet (non exprimé) du verbe qui est mis au gérondif doit être le même que celui du verbe de la proposition principale